Élections municipales : Entretien avec Foulques Chombart de Lauwe

Ancien élève de Guist’hau, conseiller municipal, et surtout candidat de la droite pour les élections municipales qui se tiendront en mars 2026, Foulques Chombart de Lauwe a lancé sa campagne électorale.

Élections municipales : Entretien avec Foulques Chombart de Lauwe

Adversaire désigné de Johanna Rolland, il nous a accordé un long entretien, l’occasion de livrer ses propositions pour la jeunesse nantaise et le bilan qu’il dresse des deux mandats de Johanna Rolland.

ZOOM : ANCIEN ÉLÈVE DE GUIST’HAU

J’étais à Guist’hau en première, terminale, et en hypokhâgne. Le meilleur souvenir que j’en garde, c’est l’entrée en hypokhâgne, découvrir l’excellence des profs, qui élevaient beaucoup le niveau de jeu. J’ai aimé sortir du privé pour découvrir le public - il a étudié au collège et en seconde à l’externat des enfants nantais - et j’ai trouvé ça sympa de changer d’environnement. Il y avait un peu plus de diversité qu’à l’Externat, c’était enrichissant de connaitre les deux. 

REDACTION : Que proposez-vous à la jeunesse nantaise dans votre programme ?

F. CHOMBART DE LAUWE : La question sur laquelle on m’interpelle le plus en ce moment c’est la sécurité, en particulier celle des jeunes femmes. J’apporte dans mon programme des solutions concrètes pour ramener la sécurité dans les rues, dans les transports en commun, car c’est un point particulièrement important, notamment grâce au renforcement de la police municipale et à des systèmes de vidéosurveillance. 

Il y a des attentes fortes des plus jeunes autour des questions liées au sport et à la culture. Pour la culture, j’ai une approche qui consiste à la garder comme un fer de lance de l’identité nantaise mais en l’oxygénant. L’idée, c’est de garder une belle ambition culturelle en renouvelant les talents, pour promouvoir davantage de nantais.  

R. : Les lycéens ont été très touchés par les coupes budgétaires de la région dans le secteur culturel, comment le soutiendriez-vous si vous étiez Maire ?

 F. : Je pense que chaque collectivité doit assumer ses propres compétences. Les jeunes sont bien contents d’avoir des TER et des lycées qui fonctionnent et ça coute très cher. La présidente de région a fait ses choix pour pouvoir continuer à investir dans les transports et dans l’éducation pour les jeunes, la culture n’étant pas son cœur de métier. 

C’est différent au niveau d’une ville. Je veux conserver le budget aujourd’hui alloué à la culture en le répartissant différemment. L’idée n’est pas de faire des coupes sombres dans ce domaine, en revanche, il faut qu’on se réinvente. La question c’est quelle place on fait aux talents les plus innovants ? comment est-ce que l’on peut casser les codes ? Le Voyage à Nantes (VAN) a un peu de mal à se réinventer. Il faut chercher le prochain concept qui va réveiller Nantes. Car même dans la continuité des projets, on a du mal : l’arbre au héron qui devait enrichir le bestiaire des machines ne verra pas le jour, tout ça parce que les écolos n’en veulent pas, je pense que c’est un peu dommage de renoncer à innover. 

 R. : Vous vous décrivez comme un « écolo de droite », qu’est-ce que cela signifie ?

F. : Aujourd’hui, 90% des citoyens - peu importe leur appartenance politique - sont sensibles aux limites planétaires. Les gens trient leurs déchets, font attention à leurs déplacements, ne gaspillent pas l’eau, sont satisfaits quand on protège la biodiversité. Ça fait quelques années que ce n’est plus un sujet droite ou gauche.

La différence avec la gauche, notamment les écologistes, c’est que nous on cherche des solutions pragmatiques, les seules qui vont permettre d’atteindre les ambitions de décarbonation qui sont les nôtres. C’est un sujet complexe, mais il ne faut pas mettre les punitions avant les solutions. Il ne faut pas empêcher les gens d’accéder à la ville. Il restera toujours un peu de voitures, il faut l’assumer car certains n’ont pas le choix : personnes à mobilités réduites, familles nombreuses. La gauche, censée se préoccuper du social, est en train de bâtir une métropole assez égoïste. Il faut une possibilité de traverser la ville, et aussi davantage de parking. Il faut mieux gérer les travaux, cela fait deux ans que la ville est paralysée. C’est voulu mais tout le monde ne peut pas vivre à pied ou à vélo dans le centre-ville. Mais il ne s’agit pas de revenir en arrière sur la piétonnisation, pas du tout, je ne suis pas de la « vieille droite pro bagnole »

 R. : Pourtant, votre adversaire Johanna Rolland soulève que vous avez voté contre la débitumisation des cours d’écoles et des réseaux d’égalité hommes-femmes ?

 F. : Je n’ai pas voté contre la débitumisation, j’ai voté contre des mesures qui voulaient supprimer les terrains de foot pour les garçons sous prétexte que les filles n’y jouaient pas. C’est dommage, je préfère qu’on apprenne aux jeunes filles à jouer au foot, il y en a beaucoup qui aiment ça. Je suis contre ce nivèlement par le bas. Je suis pour la végétalisation, il s’agit juste d’une question de priorité mais Johanna Rolland, et c’est de bonne guerre, essaye de caricaturer mes positions.

J’ai aussi voté contre un texte plus vaste défendant la création d’un conseil sur l’égalité homme-femme car on a besoin de solutions concrètes : plus de lumière dans les rues, plus de policiers dans les transports. J’ai voté contre un machin, un truc, un bidule, qui ne sert à rien. En vérité, c’est moi le meilleur avocat de l’égalité homme-femme. À gauche, ils refusent ces solutions parce qu’elles sont pour eux trop à droite. Mais une solution n’est pas bonne ou mauvaise parce qu’elle est de gauche ou de droite, il y a de solutions qui marchent, d’autre pas. On peut tenir des congrès et des conférences autant que l’on veut, rien ne vaut les mesure concrètes, et couteuses, qui vont changer la vie de femmes dans notre ville. 

 ZOOM : SÉCURITÉ À NANTES : QUE DISENT LES CHIFFRES ?

« Une des villes les plus dangereuses du monde », « Nantes en proie à une montée de l’insécurité » … Les médias du groupe Bolloré y vont bon train pour faire de Nantes la démonstration de la dangerosité des politiques de « l’ultra gauche » ... Et si tout le monde s’accorde pour dire que la sécurité est essentielle, Nantes est-elle vraiment ce monstre de violence ? Excédée par ce Nantes-bashing qui s’abat sur notre ville depuis plusieurs années, la municipalité a commandé une étude comparative de la tranquillité publique pour mettre la situation en perspective. 

Et les résultats, surprenants pour certains, sont sans appel : Nantes est loin d’être la ville la plus dangereuse de France. D’après les chiffres du ministère de l’intérieur, elle affiche le taux le plus faible de coups et blessures : 4,5 faits pour 1000 habitants contre une moyenne de 5,8 dans les autres métropoles, elle se classe dans la moyenne pour les violences sexuelles avec un taux de 1,7 pour 1000 et affiche 3 pour 1000 concernant les trafics de stupéfiants, troisième meilleur taux de France. 

Ainsi, le Nantes-bashing ne résiste pas à l’épreuve des chiffres. N’oublions pas que la sécurité est essentielle mais les tentatives de manipulation des médias d’extrême droite ne devraient jamais nous faire oublier la réalité des faits. Sans nier le sentiment d’insécurité, il est aujourd’hui plus inhérent aux grandes villes en général qu’à Nantes en particulier.