Reconnaissance de la Palestine : "le temps est venu"

Depuis le 7 octobre 2023, la guerre au Proche-Orient a repris. Après un soutien pratiquement inconditionnel à Israël, Emmanuel Macron a décidé de reconnaitre la Palestine à l'ONU. Mais qu'est ce que cela changera concrètement ?

Reconnaissance de la Palestine : "le temps est venu"
Photo ONU/Cia Pak
C’est pourquoi, fidèle à l’engagement historique de mon pays au Proche-Orient, pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien, je déclare que la France reconnaît aujourd’hui l’État de Palestine.

Ce sont les mots prononcés par le Président Emmanuel Macron ce 22 septembre 2025 qui marque un tournant historique en reconnaissant l'Etat de Palestine. À ce jour 39 pays ne reconnaissent pas la Palestine (États-Unis, un nombre important de pays d'Europe de l'Ouest, la Corée du Sud, le Japon...).

Pour mieux comprendre cette décision diplomatique faisons une rétrospective des événements antérieurs à cette date clé.

  • 1947 : L'ONU organise un plan de partage de la Palestine mandataire entre 2 états : Palestine et Israël. C'est la solution à deux états, un projet pour régler le conflit Israélo-Palestinien et pour la création de deux états, pourtant tous deux opposés à l'idée d'état binational.

Source : AFP
  • Le 15 novembre 1988, l'Algérie est le premier pays au monde à reconnaître officiellement le nouvel état.
  • Le 15 décembre 1988, l'Assemblée Générale des Nations Unies prend acte de la déclaration d'indépendance et reconnait au peuple palestinien son droit à exercer la souveraineté. Les trois mois suivants, 90 pays reconnaîtront l'état Palestinien. Les pays ayant constitué cette vague initiale (1988-1989) sont les pays de la Ligue Arabe, les pays africains et asiatiques ainsi que les pays de l'ancien bloc de l'Est.
  • Dans les années 2010 et 2011, seize des dix-neuf pays d'Amérique latine reconnaissent aussi la Palestine.

Revenons sur la scène nationale pour expliquer cette évolution de position sachant au début de son mandat, E. Macron était considéré pro-Israël et le conflit assez éloigné de ses préoccupations. Il estimait dans une prise de parole datant du 22 décembre 2017, je cite: "reconnaître la Palestine, est-ce efficace ? Je ne le crois pas au moment où nous nous parlons".

Il s'affiche très proche de Benyamin Netanyahou, il l'invite à la commémoration de la rafle du Vél d'Hiv, une première pour un premier ministre israélien.

Historiquement la France soutient une solution à deux états mais sous le mandat d'Emmanuel Macron elle n'apparaît pas comme un priorité.

  • 7 Octobre 2023, la première réaction du président Français est de dénoncer cet attentat et d'afficher sa solidarité envers Israël. Il propose même une coalition anti-Hamas qui ferait du Hamas une organisation terroriste et serait combattu comme l'a été Daech.
  • Avril 2024, en réponse au 7 Octobre, Israël bombarde massivement Gaza, des milliers de civils sont tués. La position du président commence à évoluer.
  • Mai 2024, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège reconnaissent la Palestine.
  • Avril 2025, réel revirement lors de la visite de El-Arish en Egypte (avant-poste de l'aide humanitaire pour Gaza). Lors de son retour, lors d'une interview pour France 5 on le voit bouleversé par le sort des Gazaouis rencontrés. La reconnaissance ne devient plus un tabou.

Il tente de poser des conditions, parfois avec les pays environnants (reconnaître Israël) mais cela ne fonctionne pas.

  • 9 juin 2025, Mahmoud Abba, le président de l'Autorité Palestinienne lui adresse une lettre en faveur de la paix.
  • été 2025, à Gaza, la famine atteint un stade critique. Le parlement israélien appel à l'annexion de la Cisjordanie. Les cessez-le-feu échouent de nouveau.
  • 24 juillet 2025, dans une lettre destinée à Mahmoud Abba le Président Français s'engage à la reconnaissance de l'état palestinien. Cette décision soulève l'indignation de B. Netanyahou.

Les pays arabes s'engagent à condamner les attentats du 7 Octobre et à appeler au désarmement du Hamas.

L'insinuation d'Israël envers la France prétendant que reconnaître la Palestine serait un "cadeau" fait au Hamas est décrédibilisée.

L'engagement de la reconnaissance Française, provoque un effet domino, Royaume-Uni, Canada, Belgique s'y engagent également.

Les Etats-Unis dans toutes ces décisions, ont la volonté de bloquer au maximum les manœuvres françaises. Par exemple, ils privent de visa les représentants Palestiniens qui voulaient se rendre fin septembre à New-York. Ils demandent explicitement aux dirigeants d'Arabie Saoudite de ne pas s'y rendre.

C'est donc dans ce contexte géopolitique international que s'est décidée la reconnaissance de la Palestine par la France.

*Evidemment, il n'est pas possible de rentrer dans tous les détails de l'histoire, et nous avons essayé d'être le plus complet possible, sans pour autant pouvoir être exhaustif.

Cyann Robert et Lou-Eve Barbier